15/10/2019

Interview de François Jourde

Européen

François Jourde

François Jourde

Après avoir enseigné la philosophie au secondaire durant plus de vingt années (en France puis en Belgique), je travaille actuellement comme chargé de mission pour l’éducation numérique auprès du réseau des Écoles Européennes, à Bruxelles.


Vous avez un site. Vous contribuez sur plusieurs autres... Une chaîne Youtube...Vous êtes actifs à peu près sur tous les réseaux sociaux. Quand dormez-vous ? Ou plus sérieusement comment gérez-vous votre temps ?

Comme beaucoup d’entre nous, je suis très engagé dans ma profession, qui m’occupe bien au-delà des heures de “bureau” (je ne dors certainement pas assez, selon mes besoins…). Cette énergie vient sans doute de l’intérêt que je trouve aux activités qui me me développent sur de nombreux plans : réflexion, production, collaboration et coopération avec mes pairs.
Je peux aussi compter sur le soutien continu de ma famille, et notamment de ma compagne, Pernilla.
J’ai réussi jusqu’à présent à éviter les situations de trop grande pression (conduisant au “burn out”), mais je reste vigilant. Pour autant, je ne me considère pas comme sachant bien gérer mon temps, traînant depuis mon adolescence une tendance, certes commune, à la procrastination. De ce fait, je suis souvent pris dans des urgences. Je suis quelque peu obsédé par les méthode d’organisation des tâches, et plus encore par les outils de gestion de tâches. Je perds ainsi beaucoup de temps à chercher à ne pas en perdre… Ma dernière trouvaille, excellente, est www.quire.io.

Vous êtes chargé de mission pour l'éducation numérique auprès des Ecoles européennes. En quoi consiste ce travail ?

Au bureau central des Écoles Européennes (un formidable réseau de 13 écoles réparties dans 6 pays, avec une vingtaine de langues d’enseignement et un personnel issu de tous les Etats membres), ma mission est de contribuer, avec d’autres équipes, au pilotage de la transformation numérique : formation des enseignants et des élèves, mise en place de dispositifs de collaboration et d’innovation pédagogique, préconisations techniques selon les objectifs pédagogiques...

Comment définissez-vous l’école apprenante ?

L’expression “école apprenante” me semble devoir être un pléonasme, pour autant qu’une école véritable ne peut être qu’apprenante ou chercheuse. Il est vrai, hélas, que l’école n’est pas toujours suffisamment elle-même apprenante ni chercheuse. Cela implique une posture “méta” de réflexivité et d’interrogation sur ses pratiques, qui est assez exigeante.
Cela suppose une culture favorable à l’innovation et à sa diffusion, notamment par la confiance et la liberté de coopération accordés aux équipes pédagogiques, ainsi qu’aux élèves. Pour reprendre des formulations de François Taddéi, dans une institution apprenante “les apprentissages des uns facilitent ceux des autres” (Taddéi, Apprendre au XXIe s., Calmann Lévy, 2018).
Autrement dit, dans une école apprenante, tous les acteurs apprennent les uns des autres. Cela suppose de modérer la modalité traditionnelle de l’hétéro-formation dirigée de l'extérieur de soi-même selon la guidance d'un maître (Denis Cristol, Les communautés apprenantes, 2016), et de favoriser des modèles de formations donnant davantage d’autonomie aux apprenants et aux communautés d’apprentissage.

Pour vous, quelle place doit prendre l’IA (Intelligence Artificielle) au sein de l’enseignement scolaire ?

Sans être spécialiste de la question, j’attends de l’IA un soutien aux enseignants dans l’identification fine des difficultés d’apprentissage, par l’utilisation de données d’apprentissage (“learning analytics”), et dans la conception de dispositifs d’apprentissage flexibles et personnalisés (“adaptative learning”). En cela, j’attends de l’IA qu’elle aide à donner de la valeur aux moments d’interactions entre les enseignants et les apprenants.
Il s’agira aussi d’inclure l’IA comme objet de formation et de réflexion à l’école (enseigner l’IA), comme un élément important de la culture numérique. Comme avec le numérique en général, il s’agit de donner de l’intelligence et du pouvoir d’agir.

Enfin pour terminer, quelle est votre appli préférée du moment ?

Outre le gestionnaire de tâches et de projets Quire, cité plus haut, et les outils que j’utilise au quotidien depuis de nombreuses années (G Suite, Mindmeister…), j’explore actuellement Dynalist, qui me permet d’organiser mes notes sous la forme de listes, éventuellement augmentées de hashtags.

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