Interview de Yann Leroux

Psychologue

Yann Leroux

Je suis psychologue et psychothérapeute. Dans mon travail, il m'arrive régulièrement de croiser les jeux vidéo soit parce que les patients me parlent de leurs parties soit parce que je les utilise comme médiateur.

Comment définissez-vous un gamer (joueur de jeux vidéo) ?

Un gamer est tout simplement un joueur de jeu vidéo. Une personne qui joue Candy Crush ou à CS: GO est un gamer. Au sens  restrictif, un gamer est une personne qui joue aux jeux vidéo et qui a une littératie vidéo-ludique. Un gamer est aux jeux vidéo ce que le cinéphile est au cinéma.

Pourquoi, selon vous, dit-on que “des études montrent que les jeux vidéos (#lesécrans) conduisent aux addictions, à la violence... “ ?

Plusieurs études vont dans ce sens. Par exemple, ilnanete montre en que jouer aux jeux vidéo violents (c'est à dire des fps) est lié a des pensées, des émotions et des comportements violents. Mais le lien trouvé est comparable a la violence que les dessins animés peuvent provoquer. Le problème est donc que dans les média la taille de l'effet est exagéré puisque les articles suggèrent que les jeux vidéos violents peuvent conduire a des fusillades de masse.
En ce qui concerne l'addiction, il y a encore un débat entre les spécialistes sur la notion d'addiction aux jeux vidéo. Je suis de ceux qui trouvent que la preuve que les jeux vidéo provoquent des addictions n'est pas apportée et que l'on observe autour des jeux vidéo de nouvelles expressions de pathologies existantes. Cela signifie qu'une personne dépressive pourra passer beaucoup de temps à jouer aux jeux vidéo. La notion d'addiction aux jeux vidéo tient plus a des facteurs politiques - les chercheurs ont leur propre agenda - qu'à des raisons cliniques.

Qu’est-ce qui conduit alors aux addictions ? 

Je n'ai toujours pas de réponse satisfaisante à cette question importante. C'est une des raisons pour lesquelles des psychologues et des chercheurs réfutent la notion d'une addiction aux jeux vidéo.

En tant qu’enseignant, nous sommes souvent interpellés par les parents sur ces questions. A quel moment faut-il s’inquiéter ? 

De mon point de vue, il faut regarder ailleurs que le temps passé avec les jeux vidéo. Si l'adolescent a un bon niveau de fonctionnement dans les domaines biologiques psychologiques et sociaux, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Par contre, des problèmes dans l'alimentation, le sommeil, les relations sociales ou les performances scolaire sont des signaux d'alerte. Plutôt que de s'accrocher au symptôme "jeux vidéo" il faut prendre le temps d'une évaluation générale de l'enfant. Il est aussi important de comprendre comment fonctionne le symptôme "jeux vidéo" dans le système familial

Enfin pour terminer, quelle est votre appli préférée du moment ?

Feedly, un gestionnaire de flux RSS qui me permet de maintenir une veille documentaire en psychologie

Retrouvez Yann Leroux sur son site : http://www.psyetgeek.com/