Enthousiaste
Cyrille Prunet
Développeur depuis l’âge de 15 ans (au siècle dernier les enfants savaient coder), cela fait maintenant 33 ans que je programme. Toujours passionné par mon travail, ce que j’aime avant tout c’est construire des choses : Que cela soit dans le domaine du développement, des machines outils, du travail manuel ou même de projets professionnels. Le fait de créer et d'inventer me procure beaucoup de plaisir.
Intéressé par les problématiques de l’enseignement (et surtout du numérique dans l’enseignement), il m’a été donné, l’année dernière, l’occasion d’enseigner pendant une année la technologie, une expérience à renouveler.
Qu’est-ce qu’un développeur aujourd’hui ?
Avant de répondre à cette question il faudrait déjà définir ce qu’est un développement : Cela consiste à aligner des lignes de codes (plus ou moins correctement) afin de fournir une fonctionnalité répondant à un besoin-utilisateur. Partant de là, un développeur doit comprendre le besoin d’un utilisateur et utiliser les meilleurs outils (langages, frameworks, infrastructures) pour créer cette fonctionnalité. Donc je dirais qu’un développeur est un créatif qui doit avoir un bon esprit d’analyse.
Un développeur doit actuellement passer son temps à se former car le monde de l’informatique évolue en permanence et la somme des compétence à maîtriser s’allonge plus le temps passe, et cela va en s’accélérant.
Comment est née l’idée de Postclass ?
Il y a quelques années avec quelques informaticiens, il nous est venu l’idée de créer un framework temps réel complet pour pouvoir échanger et partager des ressources. C’est là que nous avons créé un logiciel qui s'appelait Zeecrowd. Ce logiciel a même reçu le prix de StartUp de l’année 2015 par Qwant. Un professeur de SVT a utilisé ce logiciel pendant une année avec ses élèves et l’a trouvé très pratique pour animer sa classe. De là, nous avons décidé de cloner cette application pour l’adapter à l’école et permettre aux élèves de communiquer entre eux et avec son professeur.
En quoi Postclass est-il un service différent ?
Postclass permet aux élèves de communiquer entre eux et avec leur professeur dans un espace privé et sécurisé sans s’échanger ni mail ni numéro de téléphone. Dans la classe, les élèves ont accès et sont notifiés de tous les événements qui s’y déroulent. Tous les élèves reçoivent la même information. C’est un espace libre sous la modération du professeur. Quand le professeur répond à une question d’un élève toute la classe bénéficie de la réponse instantanément (fini les boucles de mails). Postclass, c’est aussi, en plus d’un “chat” écrit et vocal, un espace ou l’on peut échanger dans un cloud partagé ou un mur collaboratif. Il existe encore plein d’autres fonctionnalités que je vous laisse découvrir...
Les imprimantes 3D évoluent de plus en plus. Vers où allons-nous ?
Difficile de dire où nous allons, mais on peut déjà dire où on en est. Il faut déjà distinguer deux marchés: celui du pro et du particulier.
Dans le particulier, on va tout de suite dire les choses telles qu’elle le sont : les chinois ont gagné. S'il y a quelques années nous avions des entreprises françaises bien positionnées. Aujourd’hui, il devient quasiment impossible de concurrencer les imprimantes 3D venant de Chine. Elles sont maintenant de relativement bonne facture. Le seul truc qui leur fait défaut c’est le support quasiment inexistant et c’est là que les fabricants français peuvent encore tirer leurs épingles du jeu (avec des produits aux normes car ne vous fiez pas aux étiquettes des fabricants chinois…). Certaines entreprises françaises se sont aussi tournées vers des produits à plus fortes valeurs ajoutées dans la gamme pro.
Mais que peut on faire avec une imprimante personnelle ?
Je vous répondrai : de l’amusement, de la création, de l’apprentissage. L’impression 3D va de paire avec la modélisation 3D et de la création. Donc on teste des trucs et on se fait plaisir. Certains un peu plus doués font eux-mêmes leurs pièces ou des prototypes pour des projets personnels ou industriels. Par exemple, avec Postclass nous imprimons des “TétraAide” pour les professeurs avec nos imprimantes 3D.
A noter, que pour l’industrie, l’impression 3D est maintenant très mature et permet de réduire le temps et le coup de la réalisation des prototypes ou des pièces uniques.
Pour vous, comment les Ecoles (écoles, collèges, lycées) peuvent-ils conduire une transformation numérique ?
Je pense sincèrement que les écoles ne peuvent conduire une transformation numérique, qu’avec au sein de leurs équipes, une personne passionnée transversale qui va former les autres. Mais cette transformation numérique (qui est avant toute chose une question d’humains et non pas de matériel) ne peut se faire que si l’ensemble des enseignants jouent le jeu et sont convaincus des bénéfices apportés.
Attention le numérique à l’école ce n’est pas des tableaux et des tablettes numériques. Faire la même chose qu’avant mais avec des supports digitaux ce n’est pas faire du numérique. Faire du numérique à l’école c’est changer les pratiques qui sont rendues possibles avec l’arrivée des supports digitaux connectés. C’est là qu’est l’enjeu.
Une petite anecdote : certaines entreprises ont distribuées une tablette à l’ensemble de leurs collaborateurs et le résultat a été un échec. Mettre du matériel informatique sans vrai projet global et un accompagnement : c’est voué à l’échec.
Comme pour chaque interview, quelle est l’appli (hors Postclass) que vous souhaiteriez mettre en avant ?
Question très difficile… Je vais parler de ma propre expérience de professeur de techno pour parler de MBlock 5. Avec de simples composants et un Arduino (et pour pas très cher), j’ai pu animer un trimestre en faisant des circuits électroniques pilotés en Scratch. J’ai trouvé cela très facile à mettre en place et bien loin des prix exorbitants des robots tout prêts pour le monde éducatif qui ne donnent pas l’occasion aux élèves de toucher les composants.
Retrouvez Cyrille Prunet :
Twitter : @elcp72
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